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A LETTER FOR AN UNKNOWN WOMAN de Max Ophuls

Sélection Cannes Classics 2021


painting brushes

Les histoires d'amour sont centrales au cinéma, si ce n'est presque trop présentes. C'est une constatation logique au vu de la place qu'occupe l'amour dans nos vies quotidiennes. D’autant que cela se raconte très bien au cinéma, l’amour. C’est donc sans surprise que Max Ophuls s'est lui aussi lancé dans l’exercice.


Malgré un romantisme naïf, presque mielleux, le film ne tombe pas pour autant dans l'ennui ou le ridicule. C'est un jeu d'équilibre subtil entre un scénario de drame romantique et un jeu d'acteur ni trop exagéré ni trop caricatural.


Tout d'abord, le scénario. Celui-ci est construit autour d'une lettre que reçoit le pianiste, élu du cœur de cette « unknown woman ». Cette lettre, rédigée par une femme de son passé, relate donc leur relation. Le film nous plonge alors dans des flashbacks : la rencontre, leur histoire d'amour, construite puis déconstruite. Une histoire d’amour certes, mais presque éphémère tant ces deux personnages se ratent. En effet, le scénario semble se jouer inlassablement de leur destin. Notre inconnue et son pianiste se cherchent, se trouvent, se perdent, se retrouvent et se perdent à nouveau, jusqu’à l’issue finale. C'est là que réside toute la subtilité du scénario.

« Tout est ajustement, construction maligne et intelligente, qui prend également une dimension assez épique ».

Bien que l'on retrouve de manière évidente les codes du cinéma classique (montage transparent qui assure la fluidité de la lecture du récit, traitement particulier de la lumière, envolées musicales…), ceux-ci se font tout en subtilité, sans franchir la limite, pouvant mener au cliché et au "too much". Dans un premier temps, l’actrice principale propose un jeu sans emphase où la justesse prend le pas sur le sur-jeu, caractéristique que l’on retrouve facilement dans les drames classiques. Tandis que le personnage masculin est épargné également de la représentation parfois archétypale de son genre dans le cinéma de l’époque. Nous pouvons aussi relever une légère pointe d’humour dans certaines scènes, venant atténuer le poids du drame qui se joue.


Mais la touche d’originalité qui procure cet attachement particulier au film réside aussi dans le dénouement du récit. Ce dernier joue la carte du mystère en ne révélant au pianiste l’identité de l’auteure de la lettre qu’à la toute fin de la lecture de celle-ci, marquant ainsi la fin de l’histoire racontée. Cette révélation est d’autant plus marquante qu’elle s’effectue par le prisme de l’écriture. En effet, c’est le majordome muet du pianiste qui livre l’information. Ainsi, rien n’est à dire par la parole, seule la lettre et l’écriture sont le témoin de cette histoire d’amour. En parvenant à préserver l’anonymat de la jeune femme jusqu’au bout, Ophuls fait un pas de côté supplémentaire dans les codes de narration de son époque.


Critique de Lou Madoré et Manon Hardy









1 commento


clement.julliot
13 lug 2021

La version de Ophuls est-elle plus ou moins proche de l'œuvre de Zweig ?

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