AFTER YANG de Kogonoda
Des robots pour mieux comprendre les hommes.
Avec After Yang, le studio de production A24 nous invite à explorer le futur avec une finesse et une philosophie qui à la fois émeuvent, adoucissent et rassurent.
Dans un monde où la technologie a permis l’existence d’humanoïdes si développés qu’ils se fondent uniformément avec les êtres humains (au point où leur espèce est appelée techno-sapiens), deux jeunes parents (Jake et Kyra) tentent d’élever au mieux leur fille adoptive (Mika), tout en assumant leur rythme de travail trop chargé. Pour ce faire, le couple décide d’adopter une techno-sapiens de nationalité chinoise afin d’aider Mika à se familiariser avec la culture de son pays d’origine. Yang et Mika développent une relation unique, différente d’un amour fraternel classique. Tout bascule quand Yang tombe subitement en panne, dès la première demi-heure du film.
En se battant bec et ongles pour réparer Yang et faire le bonheur de Mika, Jake se remémore et découvre sa propre vie à travers les yeux de son robot domestique. Les souvenirs deYang regorgent de poésie et philosophie, car bien que ce dernier soit incapable de ressentir les émotions humaines, il fait de son mieux pour essayer de les comprendre et de les analyser.
« Yang puise dans les comportements et dans les idées de chacun des membres de sa famille pour cerner les grands enjeux de l’existentialisme et de l’identité ».
Yang aimerait ressentir, mais il en est incapable. Pourtant, il comprend les tourments auxquels sont soumis ses « proches » homo-sapiens.
Dans ce film, le réalisateur américain d’origine coréenne Kogo Noda nous transporte dans un univers digitalisé, informatisé et où la technologie est omniprésente, et pourtant rien ne semble robotique. Il capture avec délicatesse et fragilité des moments triviaux du quotidien, qu’il recycle en métaphore pleine de sens et de douceur. On se sent alors bercé de sagesse, afin de mieux affronter la réalité crue et le destin inéluctable de l’être humain. After Yang est un memento mori aux antipodes des vanités cruelles de Cézanne.
La chanteuse Mitski dont la sensibilité et le génie artistique sont indéniable signe la chanson principale de la bande originale du film, intitulée Glide. Sa contribution au film ne semble pas seulement justifiée; elle est évidente.
Ce film qui sortira normalement au mois de juillet 2021 est à regarder sans hésitation, et à apprécier sans modération.
Critique de Anna Perdrix
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