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CHERE LOUISE de Philippe de Broca

Chère Louise, Cher Luigi


painting brushes

Luigi, du haut de ses 23 ans, est dans la fougue de sa jeunesse, quand Louise, professeure de dessin, l’a bien dépassée. Si la question de la différence d’âge est un sel original pour raconter l’amour au cinéma, le film de Philippe de Broca présenté en compétition au Festival de Cannes 1972 s’est pourtant révélé discret au sein de la sélection de l’époque.



« Mon chéri » semble prendre ici toutes sortes de formes différentes. Les Mon chéri de Louise appellent à bien se laver sous la douche (et les ongles aussi), à ne pas lécher son couteau en mangeant, ne pas prendre un trop gros morceau de pain pour essuyer son assiette. Des Mon chéri à qui l’on repasse les chemises et à qui l’on apprend les règles de bienséance à table. Pourtant c’est aussi un Mon chéri passionné, qui embrasse et vient attendre « sa femme » à la sortie du travail. Chacun semble vouloir ici s’aligner et se fondre dans l’univers de l’autre. Ainsi, une demande en mariage incongrue se mélange avec leçons d’orthographe et dictées d’un extrait d’Emile Zola après dîner. Cet équilibre, pour le moins improvisé et inattendu, semble convenir à ce couple rencontré au hasard d’un coin de rue.


« Au-delà de cette fameuse différence d’âge qui fait l’étrangeté de cette histoire d’amour, ce film nous rappelle à quel point les frontières entre nos amours peuvent être ténues.. ».

Cela, l’un comme l’autre en prennent conscience petit à petit, chacun à son rythme. D’abord par la jalousie inattendue de Louise face à une jeune amie de Luigi. Surprise elle-même par son attitude pour humilier celui-ci, elle s’en excuse immédiatement une fois l’invitée partie. Puis c’est Luigi qui demande à l’amoureuse de devenir subitement la mère, pour faciliter son entreprise avec une autre conquête.


Pourtant, si chacun se sentait Lauréat de l’amour de l’autre au début de notre histoire, le couple et ses 20 ans d’écart va se désunir, aussi soudainement qu’il s’était construit. Louise, séduite par l’énergie et la candeur du jeune ouvrier immigré, va retrouver la douceur et la tranquillité de la vie qui était la sienne jusqu’alors. Vie et quotidien tranquille que l’on retrouve toujours plus vite qu’on ne l’a quitté.


Critique de Manon HARDY



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