LA DOUBLE VIE DE VERONIQUE de Krzysztof Kieślowski
Sélection Cannes Classics 2021
En 1994 sortait Trois couleurs: Bleu, le premier volet d’une trilogie qui allait secouer le monde du cinéma et permettre au réalisateur Krzysztof Kieślowski d’atteindre la consécration.
Cependant, il est important de noter que ce triptyque unanimement plébiscité n’est pas le premier coup de génie du réalisateur. Car, en effet, trois années avant Trois couleurs il y eut le bouleversant La double Vie de Véronique.
La Double Vie de Véronique est un film difficilement descriptible tout simplement car ce n’est pas une œuvre qui se raconte mais une œuvre qui se ressent.
Au cours d’une heure et trente huit minutes, Kieslowski réussit, avec ce film, à nous faire entr’apercevoir un morceau de sublime.
Et le mot sublime n’est pas employé ici à la légère. De la cinématographie à la musique, en passant par la direction d’acteurs, chaque élément est construit avec minutie et pensé pour contribuer à magnifier le pouvoir du tout.
Le résultat est une œuvre qui brille de par sa justesse de ton, sa beauté et sa capacité à susciter l’émotion.
« La Double Vie de Véronique se vit comme une sorte d‘odyssée lyrique ».
C’est une démonstration de tout le pouvoir du médium cinématographique. Avec ce film, Kieslowski nous prouve qu’il est bel et bien possible d’écrire un poème en lumière.
La clé de la réussite de ce tour de force réside avant tout dans la collaboration géniale entre un compositeur magistral, un directeur de la photographie visionnaire et un metteur en scène brillant.
De tous les éléments qui contribuent à faire de ce film un chef d'œuvre, la musique est sûrement le plus marquant. La bande son de Zbigniew Preisner est tout simplement époustouflante. Le thème principal suffit à lui seul à traduire toute la complexité et la beauté du récit et des émotions vécues par les personnages.
« La musique agit comme un fil d'Ariane, c’est le lien entre les deux mondes qui cohabitent au sein de l’histoire, ces deux mondes qui se devinent mais jamais ne se rencontrent. Elle porte en elle un symbolisme et une émotion incroyable ».
Et si le symbolisme a tendance à parfois prendre le dessus sur la narration, ce qui peut engendrer une forme de confusion, l’image, elle, ne déçoit jamais. Kieślowski et Sławomir Idziak, le chef-opérateur, créent une véritable expérience visuelle.
La lumière, les mouvements de caméra et la colorimétrie sont travaillés méticuleusement pour créer une expérience immersive et poétique.
La Double Vie de Véronique est une véritable masterclass en réalisation. Kieślowski réussit avec ce film à pleinement exploiter les possibilités du médium filmique. Il donne à sa caméra une puissance impressionnante en en faisant un électron libre porteur d’une expressivité transformant La Double Vie de Véronique une expérience singulièrement magnifique.
Critique d'Olivia d'Almeida
