DAN ČETRNAESTI [LE QUATORZIEME JOUR] de Zdravko Velimirovic
Sélection Cannes Classics 2021
« Dieu a eu besoin de sept jours pour créer le monde, alors imaginez ce qu'il est possible de faire en quatorze ! ».
Restaurer par la cinémathèque du Monténégro, Dan Četrnaesti (le Quatorzième jour) a été présenté par la sélection Cannes Classics 2021 dans la salle Buñuel du palais du festival. Cette version d'une grand qualité a permis au public de découvrir ou de redécouvrir, dans les meilleures conditions, le travail de Zdravko Velimirovic qui mériterait d’être plus connu des jeunes amateurs de cinéma.
C’est dans un contexte socio-politique tendu, en Yougoslavie, que Zdravko Velimirovic trouve l’inspiration pour ce film. Un ami à lui qui se trouvait en prison, lui a une jour expliqué qu’on autorisait les prisonniers, qui adoptaient une bonne conduite, à sortir pendant quatorze jours pour faciliter leurs insertions proches. Velimirovic a eu envie d’en faire un film et de raconter l’histoire de quatre condamnés qui profitent de se laisser passer pour quatre raisons différentes.
« Dans un quadruple récit entrecroisé, le spectateur suit, à l’aide d’un montage alterné, l’expérience des quatorze jours de ces quatre prisonniers ».
L’un sort pour trouver l’amour, l’autre pour retrouver sa famille, un autre juste pour se reposer et le dernier pour se venger de l'homme qui l’a envoyé en prison à sa place. Ces quatre motivations sont de différentes gravités, ce qui permet à Velimirovic d’alterner entre différents climats et de ne pas tomber dans une totalité pesante. La variation d’émotions et de récits laissent le spectateur suspendu à l’écran durant toute la durée du film. Interprété par le remarquable Karlo Bulić, Žorž Arsenijević nous fait vaguement penser au Tramp de Chaplin et au Lupin de Maurice Leblanc. Ce personnage sort tout droit d’un film burlesque et ne s’en cache pas. Dès les premières scènes, son jeu est muet ce qui le fais passer par le corps et le geste. Malgré son statut social bas, il reste raffiné et gentleman !
« Tout le film tourne autour du temps et de la date d’échéance à laquelle les quatre prisonniers devront obligatoirement se plier ».
À plusieurs reprises, les montres, horloges ou encore réveil occupe l'écran de manière éloquente. Mis à part pour Timoteij Marković, qui retourne dans sa famille qui s’est reconstruite sans lui et qui finit par repartir en prison plus tôt, le spectateur suit les détenus jusqu’à la dernière minute. La tension est parfaitement maîtrisée et se faufile entre humour, romantisme et peur.
D’un point de vue technique, ce long-métrage est un délice pour les yeux et les oreilles. Le regard est bien accompagné et le montage est intelligent. Mais la cadence est harmonisée par la musique. Elle occupe une grande place dans la mise en scène de Dan Četrnaesti. C’est encore une inspiration du cinéma muet qui sublime le film lorsque la musique apparaît en rythmant les images et les ambiances avec beaucoup de virtuosité.
L'accompagnement de ces quatre prisonniers nous fait prendre conscience du temps et de sa valeur. Comme le dit Žorž Arsenijević au début du film : “Dieu a eu besoin de sept jours pour créer le monde, alors imaginez ce qu’il est possible de faire en quatorze !”
Critique de Lorenzo Viale
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