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F FOR FAKE d'Orson Welles

Cannes Classics 2021, salle Buñuel.



Vérité ou mensonge ? La ligne est fine et aisément franchissable entre les deux.


Voilà la problématique qu'explore Orson Welles dans ce film on ne peut plus vivant et passionnant, bien que déstabilisant. F for fake, c'est un montage nerveux accompagné de la voix grave et captivante de Welles qui prend le rôle de narrateur. Un véritable exercice de style auquel se prête le réalisateur du on ne peut plus connu Citizen Kane, qui réalise un film transpirant de modernité.


Les images s'enchaînent, les mots coulent à flot si bien que l'on se doit de garder les yeux et les oreilles bien ouverts pour être sûr de comprendre l'intégralité du propos qui nous est proposé. Visuellement, nous sommes happés par chaque fragment qui se succède et cherchons son sens. Car on se dit, dès le début du film, que rien ne sera laissé au hasard. Welles met en place une formule intéressante pour capter l'attention des spectateurs mais dérive quelque peu sur un gribouillis visuel. En effet, certains moments glissent du très vers le trop calculé, si bien que l'on ne comprend plus l'intérêt de certains plans.

« La lassitude est proche durant tout le film et il suffit d'un seul de ces moments pour y tomber ».

L'idée et le potentiel qui en découle sont là, mais l'équilibre est mal maîtrisé et empêche la linéarité de la captation de l'auditoire. Néanmoins, il est important de rappeler que la perfection est un leurre pourtant si présent dans le monde de l'art qu'on en oublie l'indulgence. Et Orson Welles mérite ici cette indulgence tant le concept esthétique de son film est original et osé. C'est une prise de risque et un pari audacieux que de tenir sur une durée de 90 minutes une régularité de pertinence. Pari en grande partie réussi, donc.

« La dimension textuelle, maintenant, est en accord avec le visuel. Un fond très réflexif et complexe dans une forme pressée, rapide, qui peut facilement perdre ».

Il faut ici également trouver l'équilibre et la conclusion est identique. L'équilibre est tangent mais suffisant pour appréhender dans sa majorité la réflexion du film. Réflexion et non histoire car ce film paraît plus être une dissertation philosophique qu'une aventure palpitante. Welles ne nous conte pas quelque chose, il explore un sujet choisi, la vérité et le mensonge dans le monde de l'art, et invite le spectateur à entrer dans sa reflexion, pour devenir un membre actif du film. Voyons ce propos, a présent.


Welles nous questionnent sur les rapport qu'entretiennent l'art et les notions de vérité et de mensonge, ou fausseté. La question centrale qui ressort est de savoir si ces deux notions, justement, ont leur place dans le monde de l'art. En effet, il est souvent question, notamment dans l'art pictural, de fausses reproductions d'oeuvres ou de créations de nouvelles sous l'identité fausse d'artistes reconnus. Welles prend justement l'exemple de la peinture pour exposer son propos.

« La question n'est alors pas : comment savoir si c'est bien un tableau de Pablo Picasso ? Mais plutôt : quels différences cela engendre que ce ne soit pas l'oeuvre du célèbre peintre espagnol ? ».

Au travers de cette question, Welles remet en cause les concepts de valeur que l'on attribue aux oeuvre d'arts. Ces valeurs, qui sont évidemment concrétisée sous forme monétaire, ne sont finalement que bien subjectives et dépendantes de la renommée préexistante de l'artiste. Faut-il alors leur donner un réel crédit ? C'est en tout cas ce qui se passe ainsi que le montre Welles, puisqu'il expose les questionnements visiblement fondamentaux sur l'authenticité des oeuvres, qui régissent le marché de l'art pictural.


Le film s'achève sur une chute savourante qui remet en cause l'intégralité du film, et ouvre grand la porte de la réflexion sur cette problématique de la vérité et du mensonge. Welles nous a-t-il raconté des salades ? Difficile de répondre au vu du statut de son œuvre qui est un film, donc une fiction, où la liberté d'expression est (du moins, devrait être) totale. Le mystère reste entier et nous sortons de ce film avec autant d'interrogations qu'au début.

Critique de Lou Madoré












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