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F FOR FAKE d'Orson Welles

Sélection Cannes Classics 2021



“L’art est un mensonge qui nous fait comprendre la réalité” - Pablo Picasso.


F for fake, aussi appelé Vérités et Mensonges est un film franco-germano-iranien réalisé en 1973 par Orson Welles. Filmé dans les années européennes du réalisateur après son exil d’Hollywood, il se met lui-même en scène sous les traits d’un magicien pour présenter l’intrigue. C’est un film d’une grande actualité, qui questionne le rapport à l’art et à la valeur qu’on lui accorde. Comme le dit Frédéric Bono, directeur de la cinémathèque française : “F for fake aurait pu se retrouver à Cannes cette année dans la section officielle pour les films en compétition. Comme Citizen Kane (1941), il résume les quarante dernières années du cinéma et préfigure les quarante à venir.”

À mi-chemin entre fiction et documentaire, le film retrace la vie de Elmyr de Hory, l’un des plus grands faussaire du XXème siècle, un homme d’envergure dont le travail trompa les plus grands experts.

Picasso, Matisse, Modigliani, Braque, Kees Van Dongen : Elmyr de Hory est un artiste aux multiples signatures. Images d’archives et histoire fictionnelle se mélangent pour questionner le réel et la valeur qu’on attribue aux œuvres d’art. Comment juger la valeur d’un tableau ? Un peintre qui à lui seul reproduit les plus grands chefs-d'œuvre n’est-il pas lui-même artiste? Notre rapport à l’art serait-il faussé par l’argent et la célébrité ? Peut-on vraiment parler de “faux” lorsqu'une œuvre est exposée depuis de longues années ? F for fake est une critique puissante de la société et des experts d’art qui détiennent le monopole de la pensée artistique.

Les frontières entre vrai et faux sont abordées dans le film avec maîtrise et sur plusieurs niveaux.

Au-delà de l’histoire du faussaire, Orson Welles propose aussi dans la trame de son film une remise en question de la notion de documentaire par le personnage fictif du magicien et l’alliance du narratif au réel. Il laisse ainsi planer le doute du début à la fin : à quel point peut-on faire confiance à la figure du magicien ? A quel point le film est-il honnête sur les évènements relatés ? Un documentaire est toujours un parti-pris sur les événements passés, il ne peut jamais raconter toute la vérité et doit s’approprier un point de vue spécifique, ici c’est celui du faussaire qui prime. Le spectateur s’attache ainsi à l’archétype de l'anti-héro, Elmyr de Hory, présenté par Orson Welles. Du début à la fin, le réalisateur nous fait donc prendre conscience de la fine limite entre vérités et mensonges, qui parfois se superposent et troublent l’interprétation des choses. Entre autres, le travail de montage permet de voir le “véritable” Elmyr de Hory à l’écran, à moins que tout cela ne soit qu’une illusion ?


F for Fake est un film audacieux qui surprend par sa structure mêlant fiction et réalité, amenant une réflexion sur la notion d’art hier et aujourd’hui dans notre société et la place de la reproduction et du “faux” dans ce milieu tel que nous le percevons. Finalement, qu’est-ce qui fait d’une œuvre une œuvre ? Qu’est-ce qui détermine véritablement la légitimité d’un artiste vis-à-vis d’un autre?


Critique de Marguerite Maxit










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