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IL CAMINO DELLA ESPERENZA de Pietro Germi

L'espoir malgré tout.


painting brushes

Quand on a plus rien, quand on nous a tout pris, que fait-on ? Quand nos maisons sont vides et les murs fissurés ? Du désespoir absolu dans le fond noir d'une mine de Sicile, Pietro Germi fait renaître l'espoir, en cent minutes pour nous, dans la douleur pour ses personnages.

Tout commence donc dans une mine de soufre et ses relents puants. Un groupe d'ouvriers, de mineurs Siciliens, bloque la fermeture définitive de leur seul gagne-pain. Mais face à l'asphyxie qui guette et l'inévitable abandon de la mine, ils renoncent. Ils remontent à l'air libre, chômeurs, tête basse.


Ils sont alors au plus bas. La lente et douloureuse renaissance peut commencer. Chaque personnage à ses raisons d'espérer : Sora, le chevalier blanc, le père de trois enfants, veufs, veut assurer un avenir à sa famille, aussi humble soit-il. Antonio et Lorenza, mari et femme, veulent pouvoir s'aimer ensemble sans s'inquiéter du futur. Luca et Rosa, jeunes mariés, se découvrir l'un l'autre pleinement, intensément. Barbara, pécheresse, salie par son ancien amant, retrouver sa pureté. Le comptable, se prouver à lui-même qu'il est valeureux. Tous ces destins, et plus encore, s'entrecroisent quand un passeur propose aux villageois Siciliens, monnayant argent sonnant et trébuchant, de remonter l'Italie, passer la frontière par les Alpes et trouver du travail en France. Voici une vingtaine de Siciliens, dans un bus, en quête d'espoir.

« André Bazin a eu raison, quand il disait que c'était « le plus beau scénario italien d'après-guerre ».

La mise en scène est bonne, maîtrisée sans être exceptionnelle. Tout est bien propre, les plans, le cadre, un peu trop peut-être. Mais le scénario de Fellini et Pinelli, impitoyable, tire le film vers le haut dans une autre dimension, celle du vrai classique. Les grandes réunions du cinéma ne s'y étaient pas trompées à l'époque, le film recevant, à sa sortie, l'Ours d'Argent à Berlin.


Les personnages sont attachants, comme Mommino, le guitariste toujours prêt à faire chanter et danser ses compagnons d'infortune, même au cœur du drame. Ils le deviennent plus encore au fil de leurs mésaventures. Le passeur est un escroc, qui les trahit à la première occasion ; les Italiens de Parme entretiennent une rivalité profonde avec les Siciliens (qui ont trouvé du travail pour payer la suite de leur exil), les forçant à se cacher. Antonio et Lorenza se perdent, dans la foule de Rome, et ne se retrouveront jamais. Le comptable, pour finir, trouve son courage tout au bout du chemin. Lui qui avait été un mentor et un soutien pour les autres, le voilà qui meurt comme un Moïse, au pas de la Terre Promise.

À chaque moment d'espoir succède inévitablement un malheur, à chaque malheur un moment d'espoir, tant et si bien que jusqu'au bout du chemin de croix nous nous agrippons à notre siège, les yeux rivés sur l'écran, le souffle court et espérons jusqu'à la fin avec les Siciliens.

Le film s'achève sur le sourire innocent d'un enfant, qui les sauve tous. Le film entier est conçu pour que ce moment ne soit pas ridiculement niais, mais sérieusement miraculeux. Et c'est réussi.


On regrettera quelques longueurs dans la mise en scène, un personnage oubliable qui ne sert qu'à rehausser Sora dans son honneur et sa morale (alors que ce dernier est déjà irréprochable). Mais on appréciera des moments de grâce : le baiser entre Luca et Rosa, qui n'est pas sans rappeler celui d'Henri et d'Henriette dans Une partie de campagne de Renoir. La scène de la gare est également étouffante dans sa réalisation.


Le film est sorti en 1950. Force est de constater qu'il a conservé toute sa force, et une même une résonance qui n'est pas celle des moments d'histoire passés, mais celle du présent. Dans le récit du trajet de ce petit groupe d'immigrés Siciliens, on retrouve des enjeux contemporains ; disons, sans trop tomber dans le politique, que ce film n'est pas une illustration idéale pour un cours d'histoire contemporaine, que ce n'est pas une antiquité restaurée, mais un de ces objets perdus qu'on retrouve juste au moment où on en a le plus besoin et où on s'y attend le moins.


Enfin, l'histoire de Sora, de Barbara, a le mérite de nous marteler que, dans les moments les plus durs, où nous sommes seuls et perdus, il reste l'espoir, malgré tout.


Critique de Paul MOINGS



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