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LA DRÔLESSE de Jacques Doillon

Mado, une enfant qui a grandi trop tôt


painting brushes

Madeleine, préférant se faire appeler Mado, est une jeune fille de 11 ans confrontée à une situation familiale chaotique.


Un père parti depuis de nombreuses années et une mère violente, plongent en effet la jeune Mado dans un trouble affectif précoce. Cette situation particulière est présentée dès la première scène du film, où Mado exprime avec calme et fermeté son mépris pour sa mère à son instituteur. S’en suit l’unique scène où sont réunis ces deux personnages. Une scène dépourvue de musique à l’image de l’intégralité du film, et où le peu de dialogues, couplé à des plans rapprochés sur les personnages, posent une ambiance ambigüe, tout autant intimiste que gênante, voir malaisante.


En outre, les non-dits traduisent la pudeur propre à chacun de ces personnages, une pudeur qui semble renfermer de lourdes douleurs passées. C’est cette pudeur que le réalisateur Jacques Doillon conserve tout le long du développement de son personnage de Madeleine, en associant des choix artistiques habiles au jeu d’acteur de l’interprète de ce rôle, Madeleine Desdevises. Cette actrice est un choix très pertinent car elle a un visage enfantin d’où émane un charme troublant. Cette caractéristique anecdotique au départ, prend tout son sens ensuite dans le jeu de l’actrice. Mado a une expression faciale très discrète et une voix ferme d’où émane une forte maturité. Mais son comportement est parfois inattendu et tend vers la surprise et l’ambigüité dans ses rapports avec François, comme lorsqu’elle lui demande de lui faire des câlins puis un bébé. Il se créé une forme d’antithèse qui constitue toute la richesse et la profondeur de ce personnage. Cet enfant de 11 ans a été blessé trop tôt pour pleinement profiter de sa jeunesse insouciante.


Mais d’un autre côté, cette insouciance se reflète dans certains de ces dialogues et réactions, où le spectateur comprend que Mado cherche avant tout une affection qu’elle n’a pas, ou peu connue. Plus particulièrement, une affection paternelle qui se concrétise lorsqu’elle appelle François « papa ». La coquille est fissurée et l’on saisit mieux la complexité et l’ambigüité de ce personnage. Doillon complète cette compréhension progressive en proposant des plans rapprochés encadrant le visage de l’actrice, qui font ressortir toute la dimension de ce dernier exprimée précédemment. Il créé de ce fait une intimité entre le personnage de Mado et le spectateur, afin d’amener ce dernier à aller au-delà de ses préjugés sur la jeune fille.


« Jacques Doillon est donc parvenu avec justesse à révéler progressivement ce personnage énigmatique dans un film intimiste plein de tendresse. ».

Quant à Madeleine Desdevises, nous lui rendons un hommage pour sa prestation remarquable dans ce film, qui fut malheureusement son seul et unique puisqu’elle décédera 3 ans après sa réalisation à l’âge de 15 ans.


Critique de Lou MADORE



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