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LUMUMBA, LA MORT DU PROPHÈTE de Raoul Peck

Sélection Cannes Classics 2021


painting brushes

Très riche en films documentaires, la sélection Cannes Classics 2021 présente cette année une restauration 4K, au passage, d’une qualité vidéo très impressionnante car il s'agit d'un film de 1990, de Lumumba, la mort du prophète réalisé par Raoul Peck.

Très bref (pas plus long d'une heure dix), le documentaire de Raoul Peck va bien plus loin que le simple discours pédagogique et bien pensant sur l'ancien Premier Ministre de la République Démocratique du Congo. En effet, il s'agit d'un film documentaire à double ambition : Raoul Peck documente tout en osant porter un regard fort sur ce qu'il documente. Il est vrai que c'est souvent la présence ou non d'un véritable point de vue qui distingue le film documentaire du simple reportage informatif. Dans Lumumba, la mort du prophète, le réalisateur articule les témoignages ainsi que les images d'archives pour ainsi raconter deux histoires, celle de l'assassinat de Patrice Lumumba, puis dans un second temps, la sienne.

« La forme documentaire est exploitée d'une manière particulièrement pertinente ».

Effectivement, le réalisateur nous raconte comment lui a vu et vécu les événements tragiques qui entourent l’assassinat de politicien. La voix du narrateur témoigne d'un réel recul analytique et nous incite à voir les images documentées sous un nouvel angle, jusqu'à révéler l'image cachée derrière l'archive. Le point de vue utilisé, c'est celui du narrateur, Raoul Peck. Convaincu et convainquant, il s'inclut lui-même dans son documentaire, ce qui rend celui-ci passionnant. Beaucoup admettent qu'un documentaire ne tient jamais un discours objectif. Et c'est vrai. Justement, un documentaire persuasif doit assumer sa partialité, et ce film en est la preuve. Après tout, on est partial au quotidien. Le montage est lui-même très impressionnant.

« Le réalisateur greffe aux images d'archives des plans qu'il a lui-même tournés, des moments de vie, des instants ».

Et par ce biais, il donne à son discours une dimension particulière, comme une recherche constante de vérité. Et c'est bien vers là que le genre documentaire doit aller s'il veut remplir sa fonction. Enfin, les métaphores distillées dans le film sont palpitantes. Par exemple, l'image de la neige, dans le documentaire, suggère des questions liées à la mémoire et à l'histoire. En effet, la neige tombe, et recouvre le sol jusqu'à l'effacer complètement. La comparaison est habile puisqu'elle assigne au documentaire une dimension intemporelle en évoquant l'oubli et l'effacement. « Quelle mémoire avons-nous de Patrice Lumumba aujourd'hui ? », c'est précisément le point de départ, la question-amorce que se pose Raoul Peck au travers d'un procédé passionnant qui consiste à analyser les images d'archives par le prisme du souvenir. Un excellent documentaire.


Critique de Emile Rannou










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